Ma musique est résolument inspirée par les compositeurs du XXième siècle. Quelle que soit la forme qu’elle prend, elle est toujours marquée par les trois composantes essentielles de mon activité professionnelle : la composition acousmatique, le violoncelle et le spectacle vivant.

A la recherche d’une esthétique qui oscille entre la précision de l’écriture sur partition, l’énergie et la surprise de l’improvisation, ainsi que la variété formelle, rythmique et de couleurs sonores des musiques de traditions orales.

La musique acousmatique permet de développer une palette variée de pâtes « orchestrales », au sens large du terme, par le modelage du son au coeur même de sa matière. A coté des techniques usuelles de l’acousmatique, collage, échantillonnage, mixage, je porte une grande attention à la prise de son. Ainsi les « paysages sonores », au delà de leur pouvoir évocateur, sont-ils choisis pour leurs propriétés strictement musicales, forme dynamique, scintillement, épaisseur ou rugosité.

Le violoncelle est très présent dans le processus d’écriture, inscrit comme trace du geste instrumental. Certains aspects de mes partitions trouvent une part de leur logique dans la pratique de l’improvisation, s’appuient sur le développement des formes ouvertes, tout en intégrant la précision de la référence à l’écriture sur le papier. Je m’inspire également de musiques extra-européennes et de traditions orales, dans lesquelles je recherche la diversité et une certaine complexité des matières sonores, ainsi qu’un investissement physique et émotionnel indispensable à l’aboutissement de mon écriture dans le rapport direct au public.

Enfin mon attirance pour le spectacle vivant donne une dimension dramatique à mes travaux, fréquemment en rapport avec un propos, affirmé par la référence au texte, y compris lorsqu’il s’agit de musiques destinées au concert.

Dans les spectacles que j’ai écrits ou auxquels j’ai participé, ma préférence va vers une présence attentive pendant le temps des répétitions, ce qui permet d’inventer une « dramaturgie musicale » et d’avancer dans ce que l’on pourrait nommer un « compagnonnage inventif ». Ainsi mon écriture musicale se développe-t-elle alors en prise directe avec l’écriture théâtrale, associée dès la conception du spectacle à la dramaturgie. L’élaboration se déroule en deux étapes distinctes. La première définit des intentions de composition, choix de matériaux sonores, propositions harmoniques, mélodiques et rythmiques, ainsi que de grands axes acousmatiques. Certaines séquences sont composées.

Dans un deuxième temps, la musique trouve sa forme définitive dans la confrontation avec le plateau : les écritures littéraires, dramatiques, chorégraphiques et musicales s’épanouissent dans un rapport contrapuntique.