Entre la musique acousmatique et la musique instrumentale, les rapports ont souvent été ceux de la grande soeur avec sa petite cadette.
Fascination réciproque, grognements et éclats de voix. Incompréhensions entre générations.
Enterrons la hache de guerre le temps d’une trêve.
On s’amusera à se demander comment un « paysage sonore » peut s’imaginer proposer une « partition ». On s’interrogera sur la possibilité pour un instrument d’évoquer des « sons réels ».
Vous l’aurez compris, les imprécisions maladives de notre vocabulaire musical tendraient à opposer « son réel », reconnaissable, presque grossier ou vulgaire, à la sublime irréalité et abstraction d’une mélodie. Voire.
Ici tout se complique puisque la matière première du paysage sonore hypothétique est justement un violoncelle, simplement enregistré lors d’une improvisation, et restitué pratiquement sans travail de studio, excepté quelques inflexions soulignées, quelques silences élargis et affirmés.
Un souffle, une granulation dont émerge à peine une note. Suspendue. Esquissée.
L’énergie est sous-jacente mais bien présente.
Le projet est musicalement précis. On pourra croire entendre l’amorce d’une rythmique.
Juste avant la musique, déjà loin du silence.
Ténu, pour la fragilité d’une respiration. Retenu, à cause du temps qu’il nous faut pour naître.
Mais orageux comme la promesse d’une énergie disponible, dangereuse et surprenante.
A Clara, Mars 2001.
Duo pour violoncelle enregistré et violoncelle
Création au Festival 30′ 30″, la forme brève dans la création contemporaine. Bordeaux Janvier 2010
Début du deuxième mouvement